Mercredi 6 mars 2024
L'afflux de demandeurs d'asile et d'élèves issus de l'immigration crée une toute nouvelle réalité à l'école primaire de l'Étincelle, à Thetford Mines.
Élise Prévost enseigne à des élèves de 12 nationalités différentes à l'école primaire de l'Étincelle de Thetford Mines.
L'arrivée massive d'immigrants et de demandeurs d'asile au Québec oblige les écoles à s'adapter à la vitesse grand V. C'est le cas même à l'extérieur des grands centres, où l'on doit entre autres trouver des enseignants pour les nouvelles classes d'accueil et de francisation.
Une dizaine de petits élèves de troisième année chantent en choeur l'alphabet, tout en français, avec leur enseignante, Madame Élise. Certains sont arrivés à Thetford Mines depuis quelques semaines à peine. Déjà, ils apprivoisent la langue de Molière à une vitesse impressionnante.
Je remarque qu'il y a environ deux ou trois nouveaux élèves par mois, observe l'enseignante en francisation à l'école primaire de l'Étincelle, Élise Prévost. Les classes se remplissent quand même rapidement!
Élise Prévost est enseignante en francisation à l'école de l'Étincelle. Chaque jour, elle enseigne à des élèves de différents niveaux. Elle note que des progrès s'observent à une vitesse fulgurante.
Madame Élise enseigne à des élèves d'une douzaine de nationalités différentes. Ils arrivent par exemple du Mexique, de Colombie, de la Turquie, du Maroc, de la Tunisie, de Russie, du Cameroun ou encore du Congo. Au total, elle a des élèves qui parlent huit langues maternelles différentes.
Les élèves issus de l'immigration des 19 écoles primaires de la région de Thetford Mines ne sont pas envoyés en classe d'accueil lorsqu'ils arrivent dans la région. Ils intègrent plutôt des classes classiques avec les autres Québécois. Pour améliorer leur niveau de français, toutes les semaines, ils passent une journée entière en classe de francisation à l'école de l'Étincelle avec une enseignante en francisation comme Élise Prévost.
Il y a des moments où c'est un peu plus un défi, quand il y a beaucoup de nouveaux arrivants, mais sinon, c'est vraiment motivant d'être en classe de francisation, raconte Élise Prévost.
Nouveaux besoins et nouvelle pression
Le Centre de services scolaire des Appalaches fait face à une toute nouvelle réalité. Il y a actuellement 240 élèves issus de l'immigration répartis dans ses 23 écoles primaires et secondaires. Vingt-cinq de ces élèves sont des demandeurs d'asile. C'est du jamais-vu.
On a près de 100 élèves qui sont arrivés issus de l'immigration seulement pour le primaire dans la période estivale, lance le directeur général du CSS des Appalaches, Jean Roberge.
C'est sûr que ça met une pression. C'est nouveau chez nous. Donc, on doit s'ajuster. On doit répondre à des besoins et ce sont des besoins qui ne sont pas toujours bien compris.
Une citation deJean Roberge, directeur général du Centre de services scolaire des Appalaches
Le directeur général du Centre de services scolaire des Appalaches, Jean Roberge, soutient que l'arrivée en continu de nouveaux élèves issus de l'immigration crée une pression sur les écoles.
Le manque de prévisibilité bouscule aussi la planification des ressources au Centre de services scolaire. Jean Roberge rappelle que de nouveaux élèves arrivent à tout moment en cours d'année. Il doit embaucher et, surtout, trouver du personnel supplémentaire pour répondre à la demande en francisation. Le ministère de l'Éducation devra, selon lui, aider le CSS des Appalaches.
Il faut être en mesure de bien outiller nos équipes écoles et de leur fournir les budgets et les ressources pour bien soutenir ces élèves-là, explique le directeur général.
Les demandeurs d'asile dans les écoles au Québec
Source : Cabinet du ministre de l'Éducation du Québec
De nouveaux arrivants vitaux pour Thetford Mines
La région de Thetford Mines compte peu de ressources ou d'organismes d'accueil pour les immigrants. Le rôle des écoles dans l'intégration des familles dans la communauté est donc crucial.
Les travailleurs étrangers répondent à un besoin, en quelque sorte, et assurent la survie économique de notre région.
Une citation deJean Roberge, directeur général du Centre de services scolaire des Appalaches
La MRC des Appalaches a une population vieillissante et plusieurs petites et moyennes entreprises cherchent désespérément de la main-d'oeuvre qualifiée pour continuer à livrer leur carnet de commandes. Des parents d'élèves issus de l'immigration travaillent notamment à la Boulangerie St-Méthode, à l'usine de l'entreprise Canatal, à Isothermic et ailleurs. Eux aussi doivent être francisés et requièrent des services du réseau de l'éducation.
Les jeunes immigrants de la polyvalente de Thetford Mines ont une heure de cours de francisation chaque jour avec l'enseignante Olesya Smishchenko.
Intégrer les adolescents
À la polyvalente de Thetford Mines, les nouveaux arrivants passent 12 semaines intensives en classe de francisation avant de se joindre aux autres élèves québécois. Ils continuent par la suite de suivre une heure de cours de français intensifs par jour avec d'autres élèves issus de l'immigration.
Il y a trois ans, l'enseignante en francisation Olesya Smishchenko avait à peine cinq élèves à sa charge. Aujourd'hui, ses deux classes de francisation comptent au total 26 élèves.
Ça revient toujours au même, ils commencent à parler comme tout le monde, explique Olesya Smishchenko. S'il y a des difficultés de traduction, on prend l'iPad, on traduit et c'est tout!
Olesya Smishchenko enseigne la francisation dans deux écoles secondaires de la région de Thetford Mines. Il y a trois ans, elle avait seulement cinq élèves à sa charge. Cette année, ses deux groupes comptent au total 26 élèves.
Hillary Hurtado est arrivée de Colombie il y a deux ans. Elle n'a plus aucune difficulté à s'exprimer en français aujourd'hui, même si elle continue à se joindre à une classe de francisation une heure par jour pour s'améliorer.
On doit étudier beaucoup plus que les autres [...] parce qu'on doit étudier le français et aussi les autres matières. Mais on est contents d'être là. [...] On a une nouvelle chance pour changer notre vie qu'on ne peut pas avoir dans notre pays, résume-t-elle.
Hillary Hurtado est colombienne. Elle est arrivée au Québec il y a deux ans. L'adolescente fréquente l'école secondaire de Thetford Mines. Elle n'a plus aucune difficulté à s'exprimer en français.
Source : Pierre-Alexandre Bolduc, Radio-Canada